Enquête PAT€R. Ce que les Français pensent de la retraite et de leur pension en 2020
Huit ans après un premier focus, la dernière enquête PAT€R (Patrimoine et préférences vis-à-vis du temps et du risque) de la Caisse des dépôts se penche à nouveau sur les attentes et la perception de la retraite en France. Aurélie Lemonnier, chargée d’études, et Laurent Soulat, économiste, en soulignent les évolutions majeures*.
14 juin 2021
Depuis près de quarante ans, l’Insee mesure périodiquement le patrimoine des ménages en France. Quelle plus-value l’enquête PAT€R apporte-t-elle à cette observation ?
Laurent Soulat : Alors que ces études visent à caractériser la situation des ménages en matière d’épargne, PAT€R les complète en se centrant sur les raisons des comportements d’épargne, comme la peur du risque, l’impatience, l’altruisme ou les solidarités familiales… Depuis 2002, date de sa première vague, PAT€R dévoile ainsi un panorama des attentes et des préférences des Français, non seulement en matière d’épargne et de patrimoine, mais offre également, depuis 2012, un regard sur le vieillissement et sur la retraite.
Précisément, la perception qu’ont les Français de leur système de retraite s’est-elle modifiée ?
Aurélie Lemonnier : Si les débats autour du projet de réforme ont créé un nouveau contexte, les résultats sont in fine fort proches de ceux constatés dans l’enquête de 2012. Ainsi, même si les Français demeurent critiques à l’égard du système actuel, qualifié des mêmes défauts et dans le même ordre qu’il y a huit ans (57 % le trouvent complexe, 37 % injuste et 37 % insuffisant), ils lui restent majoritairement attachés (63 %). Mieux vaut un dispositif imparfait, mais familier, qu’un saut dans l’inconnu !
Quelle est néanmoins, pour chacun de vous, l’évolution la plus marquante sur la période ?
Aurélie Lemonnier : Très certainement la connaissance que les actifs ont désormais de leurs droits, avec, en l’espèce, une hausse significative de 15 points. Si le système semble encore nébuleux aux moins de 35 ans, les tranches d’âge supérieures tirent clairement bénéfice de la montée en charge du droit à l’information et de ses dispositifs : site Info-retraite, simulateurs en ligne, etc., mais aussi relevés individuels de situation et estimations indicatives globales. Ainsi, 100 % des personnes âgées de 35 à 49 ans ont, en 2020, reçu une information, contre seulement 60 % des personnes des mêmes tranches d’âge en 2012. L’amélioration de la connaissance a pour effet de réduire l’inquiétude et de permettre aux individus de mieux anticiper leur retraite tout au long de la vie.
Laurent Soulat : Le doute est tangible : 40 % des répondants en activité s’attendent à ne pas avoir de pension le moment venu et un quart d’entre eux pense même que le système n’existera plus, la défiance étant encore plus marquée chez les plus jeunes (respectivement 52 % et 42 % des 25/34 ans). Pour autant, conséquence directe d’une meilleure information notamment, les Français se projettent assez correctement dans leur pension future, avec un taux de remplacement évalué en moyenne à 76 % de leur niveau de vie actuel, contre 78 % en 2012. Plus qu’hier donc, ils peuvent se prémunir contre cette baisse attendue. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, en cas de réforme, près de six répondants sur dix adhéreraient plus volontiers à un allongement de la durée de travail, option permettant de compenser les pertes, certes en cotisant, mais aussi en épargnant plus longtemps.
* Tous deux exercent au sein de la direction des Études et des Statistiques de la Direction des Politiques Sociales de la Caisse des Dépôts.